Chapitre 1 : Un email inquiétant
Le réveil sonne. Je ne veux pas me lever.
Agacée par ce son qui détruit chaque matin mes typans, je repousse la couette chaude au bout du lit. Je déteste me lever. On quitte la chaleur de la nuit pour retrouver la froideur du jour. D'un geste vif, j'éteins le réveil.
Le sol est glacée. J'hésite à me lever. je pourrais me recoucher et dormir.
Ry est déjà partit. Il part tôt. Chaque jour, je me réveille sans lui. Il est journaliste. Il doit partir tôt.
Après un brin de toilette, et me faire une beauté devant le mirroir, je prends mon petit déjeuner. J'aime beaucoup la vue que nous avons. On ne voit presque pas la ville.
À côté de mon bol, il y a un petit bout de papier. « À ce soir, je t'aime ». Ry me laisse toujours un message de ce genre avant de partir. Ça me donne du courage pour peindre.
Je suis artiste en herbe, mais je manque sérieusement d'inspiration. Chaque jour, je passe le reste de ma matinée devant ma toile blanche. Ry m'avait conseillé de mettre le chevalet face à la nature, pour m'inspirer, mais ça ne marchais pas. Cette toile est blanche depuis des mois.
Vers midi, je marche jusqu'au petit étang loin de la ville.
Ce banc est comme mon banc, rien qu'à moi. Personne ne vient ici. Je me demande parfois si quelqu'un a déjà découvert cet endroit magnifique, où je viens manger mon sandwich fait maison tous les midis. Sûrement, puisqu'il y a un banc.
Parfois, je vais au cimetière, poser des fleurs sur la tombe de ma mère, morte il y a cinq ans d'un cancer.
Puis je vais me baigner dans l'eau délicieusement chaude de Starlight Shores.
J'adore me retrouver face à l'immensité de cet océan. Je dépasse les limites de sécurité pour la baignade, mais jamais personne n'y fait attention. en vérité, peu de personne vont à la plage, ou dans les parcs. Ils sont tous dans les clubs privés, les boîtes de nuit, ou les endroits de fête.
La galerie d'art fait partie de ces endroits peu apréciés par les gens. Moi, j'y passe chaque jour, allant de tableaux célèbres en tableaux célèbres, cherchant en vain de l'inspiration. Je regarde ma montre. Il est l'heure de rentrer préparer le dîner pour Ry et moi.
En entrant dans l'immeuble, une femme, d'une trentaine d'année, sort de l'ascenseur. Je veux lui dire bonjour, comme toute personne polie, mais elle ne m'adresse même pas un regard.
- Bonsoir cher téléspectateur, il est 20h et c'est l'heure de votre jour...
20h. Ry devrait être rentré depuis une demie-heure. Il lui arrivait parfois d'être en retard, mais de dix minutes à peine. Cependant, je ne m'inquiète pas. Pas encore.
Je me suis endormie devant la télévision et l'homme affreusement ennuyant. Je regarde ma montre : 22h. Je commence à m'inquiéter sérieusement. Où est-il ?
Je tente de l'appeler sur son portable, mais je tombe directement sur sa messagerie.
Puis mon téléphone sonne. Le nom de Ry s'affiche. Je décroche immédiatement.
- Allô ? dis-je.
- Cassie Palot ?
- Oui.
Ce n'est pas la voix de mon fiancé. La voix rit.
- Je suppose que vous vous demandez où se trouve votre cher Ry.
- Oui ?
Mon cœur bat la chamade. Que sait cette voix ?
- Jouons.
J'entends un clic à l'autre bout du fil.
- Allô ? Allô ?
La voix avait racrochée. Jouons...
Soudain, l'ordinateur de Ry s'allume, sans que je ne demande rien.
C'est un email. Je l'ouvre. C'est un document écrit, sur le même logiciel que Ry utilise pour écrire ses articles. Il y a deux pages.
Sur la première, il y a écrit « Jouons... ». Je descends avec la souris. J'ai la boule au ventre. Il y a seulement une photo :
Une photo d'un dragon immense en pierre, la gueule ouverte. Et dans cette gueule...
- Ry... je souffle.